Table des matières
Les usages numériques en lien avec la jeunesse, en Région Centre Val de Loire - espace de collaboration pour une vision commune
Plusieurs enquêtes menées auprès des jeunes sur l'agglomération
L'une de ces enquête a été menée par une étudiante en sociologie, en 2008 : “Enquête sur les pratiques de loisirs des jeunes collégiens en quartiers CUCS de l'agglomération tourangelle” (Patricia Gonzales Almeida sous la direction de Sylvette Denèfle, Université François Rabelais, Tours). Elle concerne principalement les représentations que des collégiens se font de leurs pratiques culturelles dans des collèges classés ou non en ZEP. Dans le domaine des nouvelles technologies, l'enquête montre que :
- les adolescents participent à la culture informatique : ordinateurs, jeux vidéo, internet, messagerie électronique, etc. ;
- cette culture dépasse les clivages sociaux ;
- les garçons en font un usage plus important que les filles ;
- l’intérêt pour l’informatique est différencié selon le sexe.
Ce mémoire d'études fait également des propositions pour travailler sur la diversification des pratiques culturelles de manière générale et la valorisation de pratiques perçues par les adolescents comme non légitime (notamment chez les garçons) :
- Les nouvelles technologies devraient être privilégiées comme entrée dans la vie culturelle, sociale, voire professionnelle des adolescents :
- Equipements, accès aux réseaux, formations spécifiques, etc.
- Favoriser l’accès à ces technologies dans les centres sociaux et les structures de proximité avec le soutien d’un personnel spécialisé :
- Investigations avec des moniteurs, formation technique et préventive.
- Prendre des mesures adaptées pour intéresser les adolescentes, notamment à travers les blogs et sites personnels avec une formation adaptée :
- Formation technique et prévention des risques.
Un autre projet d'enquête a été réalisé par le réseau Information Jeunesse Indre-et-Loire, “Jeunes et Multimédias” en 2010. Il a donné lieu à la construction d'un questionnaire donné à des collégiens. Des ateliers de prévention sur les usages de facebook et une conférence avec les professeurs et les parents a fait suite à ce travail d'enquête, sur le quartier de l'Europe. Dans ce cas précis d'enquête, le processus d'enquête en lui-même pour les effets immédiats sur les actions mises en place par les professionnels était plus important que les résultats de l'enquête qui n'ont pas fait l'objet d'une valorisation.
Données de l'enquête DLA (DLA37 – Artefacts, décembre 2013)
L'objectif général de l'accompagnement collectif était de permettre aux associations oeuvrant pour la politique de la ville d'appréhender l'outil numérique comme un moyen de générer de la participation, de la collaboration mais aussi de valoriser leurs actions. La phase d'enquête devait permettre d'attirer l'attention et de sensibiliser sur l'intérêt du sujet, nouveaux pour nombre d'acteurs associatifs. L'enquête et l'accompagnement devaient donc servir à produire des données afin de :
- recenser les acteurs, les outils et les espaces ressources numériques ;
- recenser des projets faisant usage du numérique ;
- produire des éléments d'analyse sur les freins, les usages et les représentations des outils numériques dans la mesure où ils sont utilisés pour favoriser la participation, la coopération et la valorisation ;
- recenser des besoins en matière de formation, de moyens techniques et d'accompagnement.
La synthèse des difficultés dont font état les acteurs qui ont répondu au questionnaire et qui ont suivi les journées d'accompagnement fait apparaître quatre types de problèmes récurrents :
- dans le cadre des pratiques professionnelles courantes, soit des difficultés d'ordre technique : manque de connaissances pour l'utilisation de certains outils, nécessité d'être formé et/ou d'une remise à niveau constante ;
- la transmission des usages auprès des publics que les associations reçoivent ; ce qui met en jeu :
des compétences particulières car il ne suffit pas de connaître les outils, il faut aussi être pédagogue et avoir conscience de l'éventuelle portée sociale de l'usage de ces outils ; la capacité à se tenir informé de l'évolution des outils et de leurs usages, à mettre en place une veille dans ce domaine ;
- le rôle ou la posture que l'on tient auprès des publics accueillis : s'agit-il de médiation, d'animation, d'éducation ; quels sont les enjeux de ce positionnement, quelles connaissances, quels savoir-faire, quels savoir-être implique-t-il ?
- les capacités à mobiliser et à faire participer les habitants aux projets mis en place ;
- les modalités d'organisation collective du travail :
- au niveau du fonctionnement interne : comment coopérer avec les autres s'il est déjà si difficile de coopérer entre-soi dans un même service, entre services ou entre structures d'une même association éclatées sur des territoires différents (à la fois du point de vue géographique et sociologique), temps à dégager indispensable aux usages et aux projets coopératifs (ou collaboratifs) ?
- au niveau du fonctionnement externe et des modalités de collaboration avec les partenanires : travail à distance, sur plusieurs sites, mise en réseau ; comment éviter les réunions à répétition et les multiples groupes de travail qui laissent moins de temps pour l'action ?
Les principaux facteurs facilitants identifiés dans l'étude pour contourner ces problèmes ou envisager plus facilement des solutions :
- les échanges et les expérimentations entre les structures, qui permettent de croiser les points de vue et les perspectives en fonction des missions et des métiers de chacun ;
- la participation à titre individuel à plusieurs groupes d'échanges et d'analyse de pratiques ;
- les expérimentations à titre personnel et la participation à des réseaux ou des communautés d'usagers de logiciels libres ;
- la présence dans les équipes de salariés porteurs de compétences et d'expériences des usages numériques collaboratifs, en mesure de transmettre et d'accompagner les autres membres d'une équipe ou d'un groupe de travail (ce qui ne correspond pas forcément à la présence d'un animateur d'EPN dans une structure) ;
- l'accompagnement à l'usage des outils numériques et à la collaboration dans des situations quotidiennes de travail pour prendre conscience des enjeux dans l'expérimentation in situ.
Données du recueil d'initiatives en Région Centre Val de Loire (Villes au Carré – Artefacts, septembre 2015) (extrait)
Education, apprentissages et médiations numériques
Une des priorités de la Région Centre se porte en 2015 sur le numérique éducatif. L'outillage des classes et la création d'un Observatoire des usages du numérique éducatif (http://www.obs-educentre.fr/) laisse entrevoir l'émergence de nouvelles pratiques dont on ne sait pas encore si elles modifient réellement le rapport des élèves à leur parcours d'apprentissage et aux savoirs. Le projet de développer un réseau de tiers-lieux parmi lesquels des fablab, afin qu'ils puissent être à la fois des lieux d'innovation technologique et économique, et des espaces de transmission et d'échange de savoir-faire est aussi en cours via un appel à projets lancé par le GIP RECIA en début d'année 2016. Une grande majorité des initiatives recensées dans le cadre du recueil d'initiative impulsé par Villes au Carré se concentre (dans le contexte spécifique des quartiers prioritaires de la politique de la Ville) dans les domaines de l'éducation et de la culture (22 sur 43 répertoriées). Viennent ensuite des actions qui relèvent de la citoyenneté et de l'accès au droit (8 sur 43), de l'insertion et de l'emploi (8 sur 43). Dans les domaines spécifiques de l'éducation et de la médiation, on peut distinguer plusieurs types d'actions :
- formation à l'informatique et à l'usage d'internet ;
- éducation aux médias et aux réseaux sociaux, dont usage de serious game ;
- réalisation multimédias ;
- sensibilisation, découverte aux arts et à la bidouille numérique, voire à l'éducation artistique dans le champ spécifique des arts numériques ;
- accompagnement de projets pour l'acquisition de compétences numériques nécessaires au développement de projets ;
- partage des savoirs.
Si l'on considère les différentes actions du point de vue des usages qu'elles mettent en jeu et non uniquement selon un angle thématique (culture, éducation, insertion, citoyenneté…), la part la plus importante des actions vise la formation individuelle aux outils informatiques, à la navigation sur internet ou aux nouvelles procédures de l'e-admnistration, des différents publics accueillis dans les structures, que se soit des ateliers tout public, en direction de la jeunesse ou de demandeurs d'emploi (15 initiatives sur 43 identifiés). Elles sont suivies par des actions d'éducation ou de prévention à l'usage des réseaux sociaux et aux médias. Des actions plus créatives sont à noter dans le domaine des arts numériques et du multimédia, voire de la fabrication numérique. Ces actions relèvent davantage de l'exploration et de l'expérimentation et privilégient des méthodes de co-apprentissage et d'auto-apprentissage. Enfin, quelques projets s'appuient sur des outils numériques et des usages collaboratifs et visent la participation du plus grand nombre, et des habitants des quartiers en particulier. Ils ont pour ambition d'encourager et de faciliter les coopérations entre acteurs aux statuts et aux compétences diverses (y compris les acteurs sociaux que sont les habitants des quartiers).
Les préconisations du rapport en matière d'éducation et de médiations numériques
- Identifier/Prendre en compte les habiletés des jeunes :
- en mettant en place des actions, en renouvelant les méthodes, afin qu’elles prennent en compte les usages des jeunes, voire s’appuient sur ces usages pour renouveler les modes d’apprentissage, de communication et d’expression (exemple des classes inversées, usage des smart phone dans la création multimédias…)
- valoriser ces habiletés par la mise en place d’action de transmission : mettre les jeunes en situation de “formateurs”
- > voir l’action de l’ASCA.
- Connaître les espaces d'activité des jeunes :
- produire collectivement des connaissances sur les espaces investis sur le net (réseaux sociaux, blog, forum…) et les liens qui s’opèrent au sein d’espaces sociaux physiques (collège, famille, quartier) : quelles incidences sur les modes de sociabilité et d’interaction sociale, sur les modalités de mobilisation, d’accès à l'information, à la connaissance et aux savoir-faire, de conduite de projets ?
- > voir les “Promeneurs du net” du Cher.
- Favoriser l'accès vers les nouveaux lieux de médiation numérique pour développer les habiletés en savoir-faire et stimuler la créativité
- mettre en place des actions co-construites et co-animées entre des structures jeunesse et des fablab ou des centres de formation et des fablab
- > à l’exemple des bidouilles numériques sur le quatier du Sanitas : http://www.sanilabo.org/ ; des visites au Funlab ; ou du Formalab du Puy en Velay : http://formalab.fr/
- > voir aussi les projets Passerelle numérique et Brigades numériques portés par Coopaxis, en partenariat avec l'ALSH Pasteur de Courteline et le centre social Pluriel(le)s.
Ces préconisations qui trouvent leur source dans les échanges entre porteurs de projets lors de deux journées de rencontres organisées par Villes au Carré (18 mars et 5 juin 2015) ensuite reformulées dans le cadre du rapport remis à Villes au Carré, ont été un point de départ pour le présent travail.